De Beethoven à Westerkamp : analyse de la bande-son de Elephant de Gus Van Sant
- On 1 mai 2013
Conférence donnée dans le cadre du colloque Medium is Message les 23-25 mai 2013 à Château plaisir.
Résumé de ma présentatioon
Elephant est un des films les plus personnels et les plus déroutants de Gus Van Sant. Révélant le réalisateur à Cannes en 2003 avec une Palme d’or, ce film explore des thèmes qui lui sont chers comme l’adolescence, la tendresse, la guerre, le temps, mais il apparaît avant tout comme un film politique très personnel sur la tuerie du lycée de Colombine aux Etats-Unis en 1999. La critique lui a souvent reproché de ne pas prendre parti et de n’avoir qu’un regard contemplatif sur ce terrible évènement.
Après avoir un temps imaginé réaliser un film d’agitprop, Gus Van Sant se tourne vers un film très formel d’une construction minutieuse jusque dans ses plus infimes détails. Ainsi, la bande-son apparait d’emblée comme une réelle création sonore du sound designer Leslie Shatz mêlant Beethoven à la musique électroacoustique d’Hildegard Westerkamp et de Frances White, au rock du groupe japonais psychédélique Acid Mothers Temple. Loin d’être un simple accompagnement des images, la bande-son joue un rôle essentiel dans le film en révélant une structure sous-jacente. La complexité du film et la minutie avec laquelle il a été réalisé montrent l’investissement du réalisateur et l’impact qu’à eu sur lui l’évènement de Colombine. Loin de n’être qu’un film contemplatif, Elephant apparaît plutôt comme une prise de position très personnelle.
Elephant, même s’il est relativement récent, à fait l’objet de nombreuses analyses. Malheureusement, elles ne révèlent que peu d’aspects de la bande-son. Les compositeurs y sont cités, les œuvres y sont parfois décrites, mais toujours d’une manière incomplète ou en tentant des rapprochements hasardeux entre l’image et le son. Une analyse détaillée de la musique permet pourtant de comprendre comment le réalisateur intègre avec brio la musique dans la construction de son œuvre. A première vue, le défie semble difficile tant les images sont fortes. Comment réaliser la bande-son d’un tel film sans tomber dans des effets de redondance fade ou, au contraire, passer à côté de l’essentiel en voulant donner trop d’autonomie à la musique ? Or Gus Van Sant et Leslie Shatz aboutissent à un équilibre étonnant.
Lors de l’analyse musicale, de nombreuses interrogations apparaissent telles que le mélange de genres musicaux si éloignés, le rôle de ces moments musicaux dans la narrativité du film, les liens entre la musique, les personnages et le lycée lui-même qui semble jouer le rôle d’un personnage à part entière, la superposition de la temporalité du film et de celle de la musique ou encore l’utilisation de la répétition musicale et des variations dans les paysages sonores comme contrepoint des boucles visuelles qui structurent le film. Ces éléments sont autant de points d’entrée dans l’analyse de la bande-son.
0 Commentaires