L’espace du son 3
- On 20 février 2012
Le troisième numéro de la revue Lien est disponible en PDF. J’y ai contribué à travers un article sur la représentation graphique de l’espace.
Introduction d’Annette Vande Gorne :
« En 1988 et 1991, les volumes I et II de la revue LIEN consacrés aux relations Espace-Son, exploraient, sous la direction de Francis Dhomont, un territoire encore relativement vierge.
Depuis lors, les recherches technologiques (l’accès plus démocratique aux interfaces audionumériques multicanales par exemple), les textes théoriques et analytiques, les œuvres ont fait flores.Le troisième volume est donc une suite, un état des lieux réalisé quasi un quart de siècle plus tard. Où en sommes nous ? Qu’ est-ce qui a changé ?
D’abord, on s’interroge sur la pertinence des mots choisis qui qualifient cette relation nouvelle du son, de la musique à l’espace. Une enquête statistique tente d’en objectiver les ressources. Se pose ensuite la question de la représentation spatiale et du mouvement entre autres aux fins d’analyse des œuvres qui les intègrent comme nouveau paramètre musical.
Suivent quelques exemples de pratiques sur le terrain, comme l’organisation de concerts, l’édition multicanale, les nouveaux outils pour la composition et la projection spatiale en concert.
Cependant il est un point essentiel à débattre : que percevons-nous par l’écoute spatiale, et comment ? Si elle résulte d’intentions d’écoutes particulières, quelles sont-elles ? Ne serait-ce pas une illusion perceptive ? La musique multicanale appelle de nouveaux critères d’évaluation expérimentale de la perception auditive, entre autres celle de l’espace en hauteur. L’écoute de l’espace elle-même peut être déviée par des prothèses. Et puis, nos capacités à percevoir des mouvements complexes sont-elles illimitées ? Ne vaut-il pas mieux n’utiliser de toutes les possibilités offertes par les outils actuels que celles réellement perceptibles « plutôt que d’égarer l’écoute dans une complexité qu’elle ne déchiffre plus » (F.Dhomont) ?
Se dégage alors progressivement une réflexion à la fois théorique – l’espace fait désormais partie intégrante de l’entité sonore enregistrée (réel), composée (simulé), projetée en concert (interprété) -, et pratique à partir de l’expérience compositionnelle en studio et en concert , et de l’analyse d’œuvres à l’aune des différentes catégories théoriques déjà établies.
Mais la réponse à la question de François Bayle « où (en) sommes nous » se trouve lovée au creux des œuvres elles-mêmes, surtout quand l’auteur y porte un regard rétrospectif, vue d’ensemble à partir de la longue-vue spatiale, ou quand il décrit par le menu les conditions techniques innovantes de séances de prises de son, de tournage et de projection spatiale, et qu’enfin il s’interroge sur les fonctions musicales stricto sensu de l’espace dans l’ensemble de ses œuvres.
…tant de points de vues et d’œuvres qui prouvent, si cela est encore nécessaire, que l’incontournable dimension spatiale de la musique échappe aujourd’hui à la phase de recherche fondamentale dans le laboratoire-creuset des musiques acousmatiques. Elle atteint le stade de la recherche appliquée dans plusieurs autres disciplines : musicologie, sociologie de la musique, sciences cognitives, esthétique, technologie, analyse d’œuvres…
L’acousmatique reste au cœur de l’actualité de la recherche et y répond par des œuvres pérennes. Prenons ce pari sur l’avenir. »
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