Voyage dans “Grandeur nature”
- On 15 juin 2016
Pierre Couprie, « Voyage dans “Grandeur nature” », in F. Bayle (éd.), Son Vitesse-Lumière, Paris, Magisson, 2016, p. 47-57.
« Ce mouvement est une ample respiration, un long survol en
dilatations-compressions, sans impacts et sans heurts. »
La musique de François Bayle est propice au voyage. Le compositeur place l’auditeur dans une machine, tel un explorateur de l’ouïe survolant un paysage sonore onirique. Mais, loin d’être uniforme, ce paysage morphogénétique, cette ample respiration musicale, fourmille de détails qui renouvellent l’expérience à chaque écoute. Le mouvement se caractérise par l’évolution continue d’un matériau limpide à la perception mais complexe dans ses détails. La demi-heure qui le compose se perçoit comme le survol d’un flux sans cesse renouvelé, parfois dense, parfois ne tenant plus qu’à un fil, transportant l’auditeur découvrant un paysage acousmatique.
Les notions de flux et de singularité, notions centrales en physique et en mathématiques, nous ont semblé les plus fertiles pour étudier le fonctionnement de cette ample respiration. Du flux, nous avons retenu la manière dont le matériau est en permanente évolution, les textures se transforment, se métamorphosent afin de guider l’auditeur dans le paysage musical. De leur côté, les singularités sous la forme de moments de transition ou de gestes morphologiques, proposent des saillances guidant le parcours de l’oreille.
Le sonagramme de « Grandeur nature » surprend dès le premier regard. Il se présente avec une lisibilité parfaite de l’intégralité des évènements sonores et une très grande beauté esthétique. Pour l’auditeur, il possède un double statut : celui d’un outil d’aide à l’écoute et celui d’un objet se détachant de l’œuvre, comme un commentaire esthétique. Mais à côté de ce sonagramme, nous avons aussi utilisé d’autres types de représentations du son comme celles réalisées à partir de descripteurs audio ou celles recomposant l’image du sonagramme en matrices de similarités. Ces représentations complètent le tracé du spectre en éclairant certains de ces aspects ou en révélant des transformations spectrales qui paraissent masquées.
Ce texte se présente en cinq parties. La première partie nous permettra d’introduire la méthode de représentation et les différents outils acoustiques et mathématiques auxquels elle fait appel. Nous présenterons ensuite plusieurs extraits à travers trois thématiques : la transformation-métamorphose, le geste morphologique et les conduites d’écoute. Enfin, nous terminerons avec une introduction à la représentation complète de ce mouvement disponible dans le support multimédia accompagnant cette publication.
Le livre
Magison volume 22
Un livre de 176 p. accompagné d’un DVD-Rom, avec le soutien de la Sacem et de l’InaGrm
Textes, analyses et acousmographies, avec les contributions de :
Regis Renouard-Larivière, François Bayle, Leopoldo Siano, Pierre Couprie, Isabel Pires, Ana Dall’Ara Marek, Gaël Tissot, Mario Mary, Tobias Hunermann, Andréa Cohen.
le DVD-Rom
- écouter/voir les acousmographies des 5 mouvements de Son Vitesse-Lumière
- imprimer les cahiers d’acousmographies
- regarder le diaporama des Concert-Lumières conçus par Jacques Rouveyrollis et Patrice Richard, réalisé par Gregory Pignot ainsi qu’une vidéo de Sylvie Bouteiller sur « Lumière ralentie »
- album des documents Magison – programmes, presse, carnets de travail, photos des Concerts Lumières
- entendre la version radiophonique pour l’ACR, voix de René Farabet, Bernard Noël, Michel Cassé, Paul Virilio, François Bayle et Karlheinz Stockhausen.
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